Jeux d'hiver, Jeux antiques:quand l'histoire se répète
Que les Jeux soient d'hiver ou d'été, qu'ils soient modernes à la sauce Coubertin ou antiques en terre d'Olympie, rien n'est neuf sous le soleil.
On retrouve le même enthousiasme populaire, les mêmes ingrédients et les mêmes réserves quant au prix de la victoire..
Si changement il y a, il se fait dans la continuité.
A l'heure du bilan des jeux d'hiver de Pyeongchang en Corée, l'histoire repasse les plats.
Encore et encore!
En Corée encore!
Qu'on en juge avec quatre exemples choisis par le blogueur et auteur des "Géants d'Olympie"!
1- La trève olympique
A l'échelle planétaire on ne peut parler de fin des combats entre les cités-états d'hier et les nations d'aujourd'hui: il suffit de voir les horreurs qui se sont abattues sur la Syrie. Pendant les Jeux, les massacres continuent.
Malgré tout, du côté des deux Corées, le sport semble avoir apporté un réchauffement, une trève entre deux ennemis héréditaires.
Mais que va t'il se passer maintenant que la torche olympique est éteinte? Il faudra attendre et voir ce qui Kim Jong-un a en tête pour les semaines ou les mois à venir!
Comme chez les grecs de l'antiquité, les combats vont pouvoir reprendre et les participants à la course en armes s'intéresseront davantage à la suprémacie de leur cité-état qu'à la couronne d'olivier du vainqueur
2- Ester Ladecka mieux que Théagène de Thasos
Aux Jeux modernes, on a vu des athlètes gagner dans deux disciplines aussi différentes que le saut et la course, Carl Lewis entre autres.
La France a aussi salué l'exploit de Micheline Ostermeyer en 1948 remportant l'or au disque puis au lancer de poids.
Mais on n'a encore jamais vu un judoka gagner une seconde médaille en lutte ou en boxe.
C'est pourquoi la perf de Ladecka remportant une médaille d'or en ski (super G) et en snowboard (géant parallèle) aux mêmes jeux dépasse celle du légendaire Théagène de Thasos.
Il lui avait fallu deux Jeux de suite (- 480 puis - 476) pour gagner en deux éditions différentes le pugilat puis le pancrace (illustration KAYO).
C'est un peu comme si Teddy RENER avait remporté le pancrace, mélange de lutte et de pugilat, en 2016 après le judo en 2012.
La tchèque, grande star des Jeux, a remporté deux sports de glisse différents sur une même édition.
Chapeau! Elle mérite mille fois la couronne d'olivier et le ruban de la victoire.
3- Les champions éternels
Dans la lignée des champions antiques éternels, la norvégienne de 37 ans Marit Bjoergen a poussé les records plus loin.
En six éditions, elle a glané 15 médailles olympiques en ski de fond.
Elle a même fait mieux que le lutteur antique Milon de Crotone qui s'est imposé sur 6 olympiades dans sa discipline.
Malgré ses trois médailles d'or en biathlon, il reste encore à notre Martin Fourcade national, devenu l'idole d'un pays, des centaines de kilomètres en ski et de cibles à atteindre fusil en main pour effacer la norvégienne des tablettes olympiques.
Mais pour Martin comme pour Killy, c'est tout bon, comme dans la chanson....
4-Le dopage et la triche pour une victoire à tous prix
On croyait avec la présence sous surveillance des "athlètes olympiques de Russie" que le problème du dopage avait été éradiqué.
Que nenni, les amis! Il y a eu du dopage au curling et il a fallu dire au curleur Alexander Krushelnitsky "Du balai!"
Pas de bol au bob non plus! Nadezhda Sergeeva, le pilote du bob à deux, a glissé trop vite vers le dopage!
Rien de nouveau là non plus dans la froidure coréenne. Avant eux, sous le soleil grec d'Olympie, d'autres tricheurs se sont fait prendre, tels Eupolis ou Callipos pour subornation d'adversaires.
Si les russes aujourd'hui se contentent d'un déclassement et d'un retour au pays, les tricheurs de l'antiquité devaient faire ériger à leur frais des statues (les zanes) où l'on inscrivait leur méfait.
Autres temps! Autres moeurs!
Les jeux passent et l'important reste la victoire.
Même si la fin justifie parfois quelques moyens loin de l'esprit olympique....
Alain CADU
Dessins: Kayo